D’ordinaire, lorsque je souhaite sécher les cours, tout est attentivement préparé la veille : scénario, poivre, moutarde, éventuels accessoires.
Là, ça s’est déroulé sur le tas et c’est pas plus mal. C’est surtout plus naturel. Quoique.
Je m’explique : Lorsque je me suis levée à 6 heures du matin, j’étais d’humeur grognon certes, mais certainement pas d’humeur à démarrer une mission commando afin de sécher mes quelques cours de la journée. Je me suis par conséquent préparée comme d’habitude dans la bonne humeur la plus complète, et lorsque le coup de 8h50 a sonné, je me suis rendue compte… que j’allais certainement être en retard. Alors j’ai préféré faire d’une pierre deux coups : Ne pas aller au lycée et décrocher un rendez-vous plus tôt à l’hôpital.
Car en effet, depuis 6 mois, des fuites urinaires qui ont une fâcheuse tendance à muter en incontinence hantent les antres de ma vessie (c’est beau, hein ?). C’est surtout d’une réjouissance folle. Alors c'est chez mon cher am le docteur que j'avais été sonné la première fois. Super compatissant, comme toujours, il m’avais orientée vers le service pédiatrie de l’hôpital de ma ville. Un petit coup de téléphone au dit hôpital, plein d’espoir, au terme duquel un rendez vous.
Seulement, à l’hôpital, ils sont bien drôles : Pas de rendez vous avant deux mois. Deux mois. DEUX MOIS ! Je suis persuadée qu’ils ne se rendent pas bien compte de ce qu’est l’incontinence et des désagréments quotidien que ça implique. Redirection instantanée vers mon ami le docteur. Il m’avait dit « je vais tout arranger ». Il l’avait dit, seulement. Mon médecin il n’a jamais été bien convainquant. Tout ce qu’on lui a dit c’est « Si il y a des désistements, on vous le dira » digne équivalent du « On vous rappellera » des directeurs de casting ironiquo-sadiques. Je sombrais, ma vessie avec moi… lorsque donc, ce matin, j’ai décidé de tout arranger. J’ai fait comme ça me venait spontanément. Pas d’autres choix, de toutes façons.
Je me suis dirigée vers mon sac de cours, et j'y ais mis mes quelques affaires. J'ai soudainement et dans le naturel le plus complet fait semblant de croiser les jambes, criant au passage un « Oh merde » pour courir vers les toilettes tel Didier Drogba vers le panier de basket. J’y suis restée 15 minutes, m’emmerdant profondément. Puis, je suis sortie et ait annoncer de vive voix que la situation ne pouvait plus durer.
Là, il fallait s’y attendre : Ma mère m’a fait une scène, et une sacrée. Et comme d’habitude, ça a dégénéré. Comme d’habitude, elle a menacé de me frappée. Un jour elle le fera, la connasse. Bon, j'avoue, sur le coup, j’étais pas fière. J’ai même pleuré, tremblé, cassé. (Le feu à pétrole qui orne mon salon n’aura plus jamais le même aspect désormais). Mais peut importe, on finit par faire ce que je voulais : Aller à l’hôpital.
Dans la voiture, pas un mot, rien. Silence total. Pas grave, c’est parfois mieux. Arrivée là bas, on fait les papiers…
- Vous avez quel âge mademoiselle ?
- 16 ans.
- Vous n’êtes plus en pédiatrie, vous êtes au service adulte maintenant.
- (Interloquée) Quoi ?
- Oui, vous avez un rendez vous au service pédiatrie mais vous êtes chez les grands maintenant…
- Mais non !
- Mais si. Patientez un médecin va vous prendre.
- Grrr…
N’ayant nullement l’intention de montrer mes canines aujourd’hui, je prends place sagement. Je lis le petit panneau à côté de moi « Pour les urgences médicales, comptez environ deux heures d’attente ».
Et merde.
Au bout d’un petit quart d’heure, une femme vient me cherchée. En fait l’affiche, c’était pour faire peur, j’en suis sûre.
Une femme très sympathique me prend en charge, me demande ce que j'ai. Je lui raconte le tout de ma Causette'voice la plus pertinente. Elle me dirige vers une deuxième salle d'attente.
J'entre dans la deuxième salle d'attente. Deux femmes, deux hommes. Dont juste en face de moi un homme... atroce. Tout ce que je n'aime pas. L'archétype du mec que je déteste. Pose de rebelle, tee-shirt de notre cher ami Johnny Hallyday, pantalon taille ridiculement haute et ceinture en faux cuir à tête d'aigle.
Optic deuuuuuuuuuux miiiilllles.
Je fais l'impasse sur cet étrange homme, détournant la tête du mieux que je peux (Comprendre : ma tête était à 180°, j'ai frôlé le torticolis mais c'était pour la bonne cause). Seulement il a eu un comportement. des plus horripilant. En effet, je n'étais présente que depuis 2 minutes lorsqu'il a sorti sa cabine téléphonique son portable, alors que juste en face de ce blaireau un panneau stipulant l'obligation d'éteindre complètement son portable trônait dignement sur le mur. Calmement je lui ai lancé un regard noir qu'il n'a même pas vu, puis ait laissé tombé. Seulement, les bruits aigus et dépassés de la cabine téléphonique du portable m'étaient absolument insupportable. Pendant un quart d'heure, j'ai fulminé intérieurement lorsqu'au moment où j'étais saturée, on m'a appelée.
Je suis entrée dans une pièce assez pourrie avec une femme, prête à me mitraillée de questions... dont certaines ma foi très sympathiques.
- Vous prenez la pilule ?
- Je la prenais, je ne la prends plus.
- Vous avez des rapports ?
- Oui.
- Bah comment vous faites pour ne pas avoir d’enfants ?
- …
- …
- Préservatif hein.
- Ah ok.
Elle m'a donc renvoyée dans la salle d'attente, puis ce fut au tour d'un homme de venir voir ma chère et tendre personne afin de me faire faire pipi dans trois pots ( mais essayez donc de diviser votre vessie en trois part égales; c'est chose dure ).
Un dur quart d'heure plus tard, la première femme revient me cherchée : Vendredi prochain, même heure, même endroit, examens complémentaires.
Ca promet.